Le bien commun ou l’exclusion : les Canadiens face à un choix à la veille d’une élection fédérale
vendredi le 02 février 2001(Ottawa – CECC)… La Commission épiscopale des affaires sociales de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a fait parvenir une lettre ouverte aux membres du Parlement, les enjoignant « à travailler au bien commun, en vue de mettre un terme à l’exclusion économique ».
Le document de huit pages met en lumière plusieurs défis que doivent relever non seulement les politiciens mais aussi toute la société canadienne. Au nombre de ces défis, on note le fossé grandissant qui existe entre les riches et les pauvres au Canada, de même que le nombre croissant d’enfants vivant dans la pauvreté, le besoin d’une réforme fiscale plus juste basée sur le bien commun, le déploiement de programmes sociaux prioritaires en matière de soins à domicile et d’assurance-médicaments, l’utilisation d’une partie du surplus fiscal pour augmenter substantiellement l’aide aux pays en voie de développement, la mise en place de mesures incitatives visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et une attention accrue aux revendications territoriales des peuples autochtones.
La lettre, envoyée au moment où s’ouvre la nouvelle session parlementaire de la Chambre des communes, vise à susciter un dialogue sur les principaux enjeux auxquels sont confrontés le Canada et le nouveau parlement en ce début de millénaire.
Dans l’appel qu’elle lance aux membres du Parlement, la Commission épiscopale les incite à faire le bien commun et à s’engager à faire de l’exclusion économique «une priorité susceptible d’orienter l’engagement politique et législatif ».
Cette lettre ouverte s’inscrit dans une longue suite de prises de parole de la Commission épiscopale pour décrier la pauvreté au Canada. Elle rappelle qu’en 1996, la Commission publiait une lettre pastorale sur l’éradication de la pauvreté où les évêques membres s’inquiétaient de voir la pauvreté marginaliser quatre groupes de personnes au sein de la société canadienne : les femmes, les peuples autochtones, les nouveaux arrivants et les enfants. Puis, en 1998, la Commission des affaires sociales soulignait que la marée des bienfaits de l’économie n’avait pas augmenté au même rythme pour tout le monde. En 2001, la Commission s’inquiète maintenant « que ces groupes ne soient plus seulement marginalisés, mais bien exclus. Phénomène nouveau et dramatique, un grand nombre de Canadiennes et de Canadiens sont confrontés à une situation d’injustice permanente dont ils risquent de ne jamais pouvoir se sortir. »
Dans leur message envoyé aux députés, les évêques de la Commission font état des effets pervers de l’économie actuelle. « Si l’inégalité n’est pas nouvelle, ce qui est nouveau, c’est que la nouvelle économie entraîne l’accroissement de l’inégalité plus rapidement que jamais auparavant. »
Les membres de la Commission des affaires sociales ont publié cette réflexion dans l’espoir que leurs suggestions soient enrichies par le débat et la discussion publique. Ils espèrent sincèrement que la collectivité fera connaître ses réactions à cette lettre ouverte. Ils désirent enfin lancer une invitation aux députés nouvellement élus : « Nous sommes également intéressés à rencontrer les membres du Parlement qui seraient disposés à approfondir la réflexion et à poursuivre le dialogue sur ce sujet. Pour notre part, nous allons multiplier les efforts pour refléter dans notre ministère, dans notre vie personnelle et dans nos décisions d’ordre économique, l’approche inclusive dont Jésus nous donne l’exemple par sa vie ».
Source : Sylvain Salvas |