Les évêques canadiens face aux défis du monde et de l’Église
samedi le 26 octobre 1996Ottawa (CECC) — Dans le cadre de leur Assemblée plénière annuelle, qui se déroule à Halifax, du 17 au 22 octobre courant, les évêques catholiques du Canada ont écouté avec grande attention les propos du Père Marcello Zago, supérieur général des Oblats de Marie-Immaculée, sur les défis de l'Église contemporaine.
"Ceux et celles qui sont en quête religieuse", de souligner le Père Zago, en début de son allocution d'une durée de plus de deux heures, "ne cherchent pas un discours religieux, mais un parcours religieux qui réponde à leurs sensibilités et mette l'accent sur des valeurs qui ont du prix à leurs yeux."
Au dire du Père Zago, ce que les gens recherchent, c'est une expérience personnelle plutôt qu'une doctrine, l'anthropocentrisme plutôt que le théocentrisme, le témoignage plutôt que l'enseignement. Devant une telle réalité, l'Église risque d'être perturbée et même de céder à la panique, comme les Apôtres dans la tempête sur le lac. "L'Église reste toujours une barque frappée par les vagues du monde", de prévenir le conférencier d'origine italienne. "Ses passagers n'ont qu'un choix: se rendre compte que le Seigneur est dans la barque et qu'il vient vers eux en marchant sur les eaux agitées."
En raison de sa mission évangélisatrice, l'Église ne peut pas fuir les réalités du monde et se replier sur elle-même, rappelle le Père Zago. Elle doit au contraire, tout comme le suggère le thème du prochain Synode de l'Amérique, qui aura lieu à Rome dans un proche avenir, proposer "la rencontre avec Jésus Christ vivant, chemin pour la conversion, la communion et la solidarité".
"L'Église est un défi pour le monde", de poursuivre le Père Zago. "Elle est envoyée pour être signe et instrument de salut. (…) Son trésor, c'est le Christ; la bonne nouvelle, c'est l'Évangile; le projet, c'est le Royaume de Dieu. C'est cela le grand défi que l'Église a pour les personnes, pour les cultures et pour les religions de tous les temps. C'est son devoir de le présenter à temps et à contretemps.
Se référant abondamment aux textes du Concile Vatican II, le conférencier invité a insisté sur le fait que le Christ n'est pas seulement une vérité à croire, "c'est une personne à connaître, à expérimenter, à vivre". Aussi, dans toute démarche spirituelle authentique, faut-il d'abord faire la rencontre avec le Christ, que ce soit dans la liturgie, dans l'Église, dans la Révélation — et en particulier la Parole de Dieu, ou dans les réalités humaines.
"Le Christ étant la Bonne Nouvelle, il y a en lui identité entre le message et le messager, entre le dire, l'agir et l'être", de conclure cet ancien missionnaire au Laos qui collabore depuis une vingtaine d'années avec divers organismes du Saint-Siège. "Jésus Christ proclame la Bonne Nouvelle non seulement par ce qu'il dit ou ce qu'il fait, mais par ce qu'il est. C'est là l'idéal auquel nous devons tendre, comme Église et comme personnes d'Église."
Les quelque 90 évêques présents à la Plénière ont accueilli avec enthousiasme la réflexion du Père Zago et ils s'en sont largement inspirés au cours des discussions en atelier qui ont suivi. À l'approche du troisième millénaire du christianisme, ils disent y avoir trouvé des pistes intéressantes pour l'Église catholique au Canada.
Reflétant l'opinion des évêques qui faisaient partie de son atelier, Mgr James Wingle, évêque de Yarmouth, a dit constater que la personne du Christ est parfois absente du message de l'Église. "Nous avons davantage tendance à parler de morale et d'interdits que des richesses de la Révélation."
Pour sa part, Mgr Francis Spence, archevêque de Kingston et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, entérine volontiers l e constat du Père Marcello Zago et reconnaît à l'Église tout entière le devoir de faire connaître le message du Christ à notre monde. "Non seulement sa vérité", précise-t-il, "mais aussi sa personne".
L'allocution du Père Zago visait à aider les évêques à amorcer une première réflexion commune sur la vie de l'Église et son rayonnement dans le monde, à l'approche du Grand Jubilé de l'An 2000.
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