Visite de solidarité à Haïti: 16 décembre 2011
mardi le 20 décembre 2011Retour à Port-au-Prince
La journée a débuté par un autre trajet long et cahoteux de deux heures et demie pour rentrer à Port-au-Prince. Après quoi il aura fallu manœuvrer dans la circulation chaotique de la capitale encore une heure pour arriver au Foyer Maurice-Sixto. Il s’agit d’un centre pour les « reste-avec » : jeunes enfants que leurs familles vivent à la campagne, trop pauvres pour s’en occuper, envoient à d’autres familles en ville. L’idée étant que ces enfants seront nourris et instruits en échange des services qu’ils rendront à leur famille d’accueil. Mais dans bien des cas, ils sont exploités, agressés physiquement et sexuellement, et traités en esclaves. Les familles d’accueil sont souvent à peine moins pauvres que les familles de la campagne; elles ont peu de nourriture, guère plus d’autres biens. On estime à 300 000 le nombre de « reste-avec » dans les différentes villes d’Haïti.
Le Foyer Maurice-Sixto
Le Foyer Maurice-Sixto (FMS) a été fondé il y a 22 ans par le Père Miguel Jean-Baptiste, prêtre de l’archidiocèse de Port-au-Prince, qui est aussi le curé du bidonville environnant. Au fil des années, avec la bénédiction et les encouragements de l’archidiocèse, quelque 5 000 enfants « reste-avec » ont pu trouver au Foyer protection, nourriture, une éducation de base et un début de formation professionnelle. Tout cela avec l’accord des familles d’accueil, une fois que le Père Miguel et son équipe sont parvenus à les convaincre que les enfants méritent d’être nourris et instruits tout en continuant à rendre des services à ceux qui les reçoivent. Du coup, la situation de ces « reste-avec » se trouve transformée. Non seulement reçoivent-ils gratuitement des vêtements, des cours et un repas complet par jour (souvent le seul de la journée) mais ils acquièrent le respect de la famille d’accueil. Mieux encore, les enfants de la famille d’accueil sont admis dans les « camps » qu’organise le Foyer. Ce cadre différent et sa dynamique nouvelle leur font découvrir dans les « reste-avec » des compagnons de jeu et des amis. Autre révolution que provoque le Foyer dans la vie de ces enfants : les fêtes d’anniversaire. Très souvent, pour la première fois de leur vie, ils sont fêtés et célébrés. Comme ils ne connaissent presque jamais leur date de naissance, ils célèbrent tous ensemble le même jour. Il faudra des années avant qu’ils ne retrouvent leur propre famille. Et plusieurs apprendront alors qu’un de leurs parents ou les deux sont décédés avant qu’ils n’aient pu les revoir.
Chacun des enfants de sept à quinze ans apprend un métier et bénéficie de l’éducation et de la protection du FMS. L’Organisation catholique canadienne pour le développement et la paix a versé 292 000 $ au FMS, ces deux dernières années, pour contribuer à la construction d’un centre de formation professionnelle et pour permettre de décerner des prix en arts plastiques et pour les sports. L’édifice qui était jusqu’ici l’installation principale du FMS a subi des dommages structurels lors du séisme, il y a deux ans, mais continue de servir pour certaines activités.
Ici, au cœur d’un bidonville dont l’artère principale est un sentier de gravier avec un petit caniveau au milieu de ce qu’on pourrait appeler une rue, les visiteurs canadiens ont été accueillis, le 16 décembre, avec des sandwiches et des eaux gazeuses bien froides. Le sens haïtien de l’hospitalité n’a rien d’une formalité : c’est un élément essentiel de la vie haïtienne. Déjà au début de la visite, le vice-président de la CECC, Mgr
Le Père Miguel explique à ses visiteurs canadiens que le nouvel édifice est construit avec l’aide technique d’une société québécoise spécialisée dans la production de blocs de maçonnerie. Le contrat stipule que les élèves les plus grands participeront au chantier pour apprendre les techniques de construction et que l’équipement de fabrication restera sur place, une fois terminé l’édifice, pour que d’autres enfants puissent apprendre le métier par la suite.
Le personnel du FMS comprend entre autres des Petits Frères et des Petites Sœurs de Saint-Joseph, deux communautés religieuses haïtiennes qui travaillent au service des plus pauvres, et dont les membres parcourent souvent de longues distances à pied pour aller visiter les nécessiteux à domicile. Un membre de l’équipe du FMS explique que le Foyer offre une enfance à des enfants qui ont été contraints d’accepter tout jeunes des responsabilités d’adultes. Même si l’établissement est placé sous l’égide de l’Église catholique, aucun « reste-avec » n’y est refusé à cause de sa religion.
Portant fièrement leur uniforme bleu, plus de 150 enfants ont interprété un chant de bienvenue en l’honneur de la délégation canadienne; Mgr Durocher, qui a reçu une formation de chanteur d’opéra avant d’entrer au grand séminaire, y a répondu en improvisant un remerciement sur la même mélodie. Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Mgr
Caritas Haïti
La journée s’est terminée par une visite aux bureaux de Caritas Haïti, pour une rencontre avec son directeur général, le Père Serge Chadic, et son directeur général adjoint, le Père Patrick Aris (qui est aussi chancelier de l’archidiocèse de Port-au-Prince). Développement et Paix collabore avec Caritas Haïti sur plusieurs projets importants, et les visiteurs auront l’occasion d’en visiter quelques-uns dès demain.
« Qu’est-ce qui vous donne espoir ? » a demandé Mgr Smith aux deux dirigeants. La réaction de ceux et celles qui reçoivent notre aide, ont-ils répondu, la participation de la collectivité locale et l’appui des autres agences Caritas à travers le monde. Caritas Haïti a organisé le premier symposium sur le logement jamais tenu dans le pays, ont-ils souligné, en ajoutant que leurs projets d’habitation sont destinés à toutes les personnes dans le besoin sans acception de religion.
« Quels sont vos plus grands défis ? » s’est enquis Mgr Durocher. Il y a maintenant deux ans que nos gens vivent dans ces conditions, ont-ils dit, et nous craignons qu’ils ne s’y résignent. Il nous faut être particulièrement vigilants à cet égard. »
Mgr Smith et Mgr Durocher sont accompagnés dans cette visite de solidarité à Haïti par le directeur général de Développement et Paix, M. Michael Casey, le chargé de programme pour l’Amérique latine et les Caraïbes, M. Normand Comte, et l’agent de communications, M.
par
Conférence des évêques catholiques du Canada