Visite de solidarité à Haïti: 18 décembre 2011

mercredi le 21 décembre 2011

cathedralePour célébrer le quatrième dimanche de l’Avent, la délégation canadienne se rend là où se dressait la cathédrale de Port-au-Prince, détruite par le séisme du 12 janvier 2010. La messe sera célébrée sur l’emplacement des anciens bureaux de l’archidiocèse, effondrés eux aussi, et qu’on entrevoit à l’ombre des ruines de l’ancienne cathédrale. C’est à cet endroit que l’archevêque d’alors, Mgr Joseph Serge Miot, a perdu la vie avec des membres de son clergé et du personnel diocésain. Devant l’autel érigé en plein air, de vastes auvents permettent de se protéger du soleil. Des chaises de métal sont disposées en rangées autour de l’autel pour une assemblée de quelque 400 fidèles. Derrière l’autel, une entrée mène à une chapelle. La première messe de la journée vient de se terminer et une foule encore plus nombreuse se disperse au moment de l’arrivée des visiteurs canadiens.

L’archevêque actuel de Port-au-Prince Mgr Guire Poulard, qui vient de terminer son mandat à la présidence de la Conférence épiscopale d’Haïti, accueille chaleureusement le Président et le Vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Il invite l’archevêque d’Edmonton, Mgr Richard Smith, à présider la célébration et Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau, à prononcer l’homélie. Mgr Poulard concélébrera avec ses deux confrères. La célébration eucharistique sera aussi l’occasion pour 38 personnes de faire leur première communion et soulignera le 11e anniversaire du groupe de l’Enfance missionnaire de la paroisse cathédrale. Trois guitaristes, un percussionniste armé d’une batterie de tambours et un autre batteur avec son fils répètent la musique pour la célébration.

Une quarantaine d’enfants, membres de l’Enfance missionnaire, vêtus de blanc et de bleu, ouvrent la procession en chantant; ils s’avancent lentement au rythme de la musique.  Une jeune fille offre une courte réflexion pour inviter l’assemblée à « accueillir Jésus », ce à quoi l’Enfance missionnaire répond en entonnant « Bonjour Seigneur, bonjour Sauveur; mama nous Marí ».  « Je vous apporte le soutien et l’amour du peuple canadien, annonce Mgr Smith à l’assemblée. Même si nos cultures sont différentes, nous partageons la même foi en Jésus. »  Les lectures sont proclamées par des membres de l’Enfance missionnaire : le texte est bien présenté et clairement articulé. La célébration a pour thème la promesse de Dieu à David : « Ainsi parle le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite?… Le Seigneur te fera lui-même une maison » (2 Samuel 7, 5b.11b). Ces mots prennent un sens bien particulier en un lieu où des milliers de personnes ont perdu leur maison et vivent encore sous la tente.

« Nous sommes heureux d’être avec vous pour voir de nos yeux et entendre de nos oreilles le bon travail que fait Développement et Paix, déclare Mgr Durocher en commençant son homélie. Mais si Développement et Paix peut marcher à vos côtés, c’est parce que les gens au Canada ont été interpellés par la Parole de Dieu. » Le Vice-président de la CECC continue en disant que le Directeur général et le Directeur général adjoint de Caritas Haïti s’inquiètent à l’idée que le peuple haïtien pourrait s’habituer à vivre dans les conditions qu’il connaît actuellement.  Mais « c’est aussi un risque pour le peuple canadien : celui de perdre l’espérance et le courage de changer les choses ».  Ensemble, nous sommes appelés à être la maison de l’espérance, de l’amour et de la foi que Dieu lui-même construit, rappelle l’homéliste à l’assemblée, alors même que nous avons besoin d’abris et de logements. »

messeAprès la communion, Mgr Poulard remercie les visiteurs canadiens pour leur présence et exprime sa profonde gratitude à Développement et Paix « pour tout ce qu’ils font parmi nous ». Beaucoup de nos gens vivent encore sous la tente, souligne-t-il. Quand je leur rends visite, j’en ai les larmes aux yeux. Les tentes se détériorent et résistent mal à l’action du soleil, du vent et de la pluie. » En rappelant les besoins d’éducation et de formation professionnelle de la population, l’archevêque ajoute : « le grand défi, c’est le chômage, qui engendre l’insécurité et la criminalité ». C’est pourquoi la solidarité des évêques du Canada et l’aide de Développement et Paix sont si vivement appréciées. « Avec l’appui de l’Église au Canada et de Développement et Paix, conclut-il, nous pourrons être forts et bâtir un nouveau pays d’Haïti. »

rosaceDe l’autre côté de la rue, le soleil traverse une rosace restée intacte au milieu des ruines de la cathédrale.  Au sommet des murs, de petits arbustes poussent déjà. Demain à la prière des laudes, en préparation de Noël, l’antienne O chantera la souche de Jessé : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, un rejeton jaillira de ses racines » (Isaïe 11,1).  Dans son blogue, Mgr Smith écrira : « l’édifice est en ruines mais l’Église est bien vivante ».

Après la messe, Mgr Smith et Mgr Durocher ont un entretien avec Mgr Poulard. Puis la délégation canadienne entreprend un trajet de deux heures et demie vers le sud-ouest, en direction de Jacmel.

Mgr Smith et Mgr Durocher sont accompagnés dans cette visite de solidarité à Haïti par le directeur général de Développement et Paix, M. Michael Casey, le chargé de programme pour l’Amérique latine et les Caraïbes, M. Normand Comte, et l’agent de communications, M. François Gloutnay, ainsi que par le secrétaire général adjoint de la CECC, M. Bede Hubbard.

par Bede Hubbard
Secrétaire général adjoint
Conférence des évêques catholiques du Canada