À la veille de la rencontre du G-7, en Écosse : La Commission des affaires sociales demande au Canada de faire preuve de leadership

lundi le 27 juin 2005

Le très honorable Paul Martin, M.P., P.C.
Premier Ministre du Canada
Chambre des Communes
Ottawa, Ontario
K1A 0A6

Monsieur le Premier Ministre,

Nous vous écrivons à la veille de la rencontre du G-7, qui doit se tenir en juillet à Gleneagles, en Écosse, pour vous inviter à y proposer des initiatives éclairées en vue d’éradiquer la pauvreté mondiale. Nous vous demandons, en particulier, de faire preuve de leadership au nom du Canada dans deux domaines précis : l’élimination de la dette multilatérale et l’accroissement de l’aide canadienne au développement outre-mer jusqu’à ce qu’elle représente 0,7 pour cent du Revenu national brut (RNB).

Le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, publié à la fin de l’année 2004, affirme qu’au début du nouveau millénaire, la pauvreté de milliards d’hommes et de femmes est « la question qui, plus que toute autre, interpelle notre conscience humaine et chrétienne »; le texte reprend ainsi le message du pape Jean-Paul II pour la Journée mondiale de la paix 2000 (les italiques se trouvent dans le texte original). Il est certain que la très lourde dette qui continue de peser sur les pays du Sud représente un immense obstacle à l’éradication de la pauvreté mondiale et à l’atteinte des Objectifs de développement du millénaire. Alors que plus de 130 000 Africains meurent chaque semaine par manque de prévention, les pays de l’Afrique subsaharienne continuent de verser chaque année quelque 12 milliards de dollars US au service de la dette. Pour que l’Afrique arrive à s’extraire du piège de la pauvreté, cet argent doit servir en priorité aux soins de santé, à l’eau potable, à l’éducation des jeunes et à tant d’autres urgences sociales beaucoup plus pressantes que des paiements qui ne servent qu’à apaiser l’appétit apparemment insatiable des créanciers.

Malgré le fait que nous acclamons la récente initiative des Ministres des finances au G7 d’annuler les dettes de 18 pays, il est évident qu’au moins 40 autres nations appauvries ont un besoin urgent d’annulation de leur dette. Nous vous exhortons à aller au-delà des demi-mesures suggérant de suspendre jusqu’en 2015 les paiements du service de la dette, pour adopter plutôt la perspective du Jubilé en annulant les dettes multilatérales illégitimes sans imposer de sévères conditions d’ajustement structurel.

Pour ce qui est de l’aide canadienne publique au développement (APD), nous avons été encouragés de voir annoncé dans l’entente relative au budget du 3 mai que 500 millions de dollars supplémentaires (sur deux ans) seront consacrés à l’aide internationale. Mais le Canada traîne toujours derrières les 11 autres pays qui, soit ont déjà atteint le 0,7 pour cent du RNB, soit se sont au moins fixé pour objectif d’y arriver d’ici 2015. Les évêques catholiques du Canada estiment que la publication, avant le sommet de Gleneagles, d’un échéancier ferme pour arriver à 0,7 pour cent du RNB mettrait le Canada sur la voie d’un vrai leadership moral et politique en matière de développement international.

Nous avons remarqué qu’en avant-propos à l’Énoncé de politique internationale du Canada, rendu public le mois dernier, vous avez écrit: « Les Canadiens ont fait preuve à diverses reprises d'une exceptionnelle générosité à l'égard des personnes démunies et souffrantes dans le monde, plus récemment celles victimes du tsunami qui a frappé l'Asie en décembre dernier. Que ce soit à titre de membres d'une congrégation religieuse, de bailleurs de fonds d'une organisation non gouvernementale ou de particuliers, ils ont fait beaucoup pour partager leur richesse. » Nous avons aussi remarqué la lettre du 17 février, signée par les chefs des trois partis de l’opposition qui réclamaient « des augmentations régulières et prévisibles de l’aide canadienne publique au développement ». Une aide canadienne au développement accrue et plus efficace, totalement consacrée à l’objectif de réduire la pauvreté, recevrait l’accord des Canadiennes et des Canadiens, serait appuyée totalement par le Comité parlementaire sur les Affaires étrangères et serait appréciée par tous les peuples du monde.

À l’approche du sommet du G-7, nous vous demandons de faire preuve de leadership dans l’éradication de la pauvreté mondiale, notamment en recommandant l’annulation de la dette et en haussant l’aide publique canadienne au développement. C’est la conduite qui s’impose et c’est le moment d’agir.

De notre part, tout en encourageant notre gouvernement à agir, la Commission épiscopale des affaires sociales appuiera la campagne Abolissons la pauvreté. La Commission continuera d’encourager les Canadiennes et les Canadiens à se familiariser avec ces questions si cruciales pour la création d’un ordre international basé sur la justice, la paix, la sécurité et la solidarité.

Je vous prie, Monsieur le Premier Ministre, d’agréer l’assurance de nos prières sincères pour le succès de cette très importante rencontre des leaders de notre monde.

Monseigneur Blaise Morand
Évêque de Prince Albert
Président
Commission épiscopale des affaires sociales
Conférence des évêques catholiques du Canada

CC : Hon. Ralph Goodale, ministre des Finances
Hon. Aileen Carroll, ministre de la Coopération internationale


Source : Sylvain Salvas
Directeur du Service des communications
Conférence des évêques catholiques du Canada
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