Message du Conseil autochtone catholique canadien pour la Journée nationale de la prière pour les peuples autochtones 2010

mercredi le 24 novembre 2010

Joseph Chiwatenhwa

À tous les fidèles des paroisses et des diocèses du Canada,

Nous demandons au Seigneur la paix, la solidarité et la force intérieure pour toutes et tous!

Le 12 décembre est un jour important pour l’Église catholique au Canada : nous célébrons la fête de Notre-Dame de Guadalupe et la Journée nationale de prière pour les peuples autochtones. Nous vous demandons, aujourd’hui en particulier, de prier aux intentions spéciales de toutes les populations autochtones, au Canada et dans le monde entier. En cette année 2010, à l’occasion de la Journée de nationale prière pour les autochtones, nous honorons la mémoire de Joseph Chiwatenhwa.

Quand le pape Jean-Paul II fit sa visite historique au Canada en septembre 1984, il se rendit au sanctuaire national des Saints Martyrs canadiens, situé à Midland, en Ontario. Il rappela que les Jésuites étaient venus dans les années 1620 fonder la première maison de prière en Huronie. Ils y ont reçu l’appui des Hurons et ont pu  compter sur des gens comme Joseph Chiwatenhwa. Le pape souligna « la grande importance pour l’Église en Huronie de Joseph Chiwatenhwa : avec lui, son épouse Aonnetta, son frère Joseph et d’autres membres de leur famille ont vécu leur foi et en ont témoigné de manière héroïque. »

C’était probablement la première fois que la population canadienne entendait parler de Joseph Chiwatenhwa. Son histoire est racontée dans un livre de Bruce Henry, intitulé Friends of God et paru en 1991. Il avait reçu en naissant le nom de Chiwatenhwa. Quand il rencontra les Jésuites en 1636, il fut profondément touché par leur enseignement, même si d’autres Hurons leur imputaient les épidémies qui ravageaient alors la Huronie. Chiwatenhwa lui-même tomba malade; revenu à la santé, il fut baptisé par le père Jean de Brébeuf, le 16 août 1637. On lui donna le nom chrétien de Joseph.  Son épouse Aonnette fut baptisée le 19 mars 1638. Elle reçut le nom chrétien de Marie. Le même jour, on bénit leur union : c’était le premier mariage catholique en Huronie.

Joseph devint le premier administrateur laïc de l’Église catholique au Canada, en 1639. Il aida les Jésuites à traduire des chants et des prières du français en langue huronne. La doctrine spirituelle de saint Ignace et les Exercices spirituels l’impressionnèrent vivement. Pendant huit jours de retraite en silence, il composa une prière qui traduit sa profonde expérience du Christ : « Tu nous aimes si profondément que tout ce que je peux faire en retour, c’est de m’offrir à toi. Je te choisis pour ancien et pour chef. Il n’y a personne d’autre. » En adoptant sa nouvelle foi, Joseph puisait aussi à l’héritage spirituel et culturel de son peuple; c’est en Huron qu’il est entré dans l’Église catholique. Aussi a-t-il pu communiquer la Bonne Nouvelle à de nombreux membres de sa famille et de sa tribu.

Joseph Chiwatenhwa eut la prémonition qu’il perdrait la vie de manière violente à cause de son engagement et de son fervent amour pour Jésus. Il fut martyrisé le 2 août 1640, à l’âge de 38 ans. Dans une lettre, le père Lalemant le décrit comme « un maître de la foi chrétienne parmi les autochtones. Au cours de cette dernière année, il s’est fait leur apôtre. »

Après la mort de Joseph, plusieurs autres membres de la nation huronne furent baptisés dans l’Église catholique. Son épouse Marie Aonnette, son frère et plusieurs autres continuèrent d’aider et de soutenir les Jésuites.

Le pape Jean-Paul II déclara en Huronie que «  les dignes traditions des tribus indiennes ont été affermies et enrichies par le message de l’Évangile… non seulement le christianisme est-il pertinent pour les peuples indiens, mais le Christ, dans les membres de son Corps, est lui-même Indien. » Laissons-nous inspirer par la foi de Joseph Chiwatenhwa, de son épouse Marie Aonnette et des membres de leurs familles. Ils ont cru en Jésus, leur frère et leur Sauveur, et en ses paroles consignées par saint Jean (20,29): « C’est parce que tu m’as vu que tu crois. Heureux sont ceux qui croient sans m’avoir vu. »