Message du Conseil autochtone catholique canadien pour la Journée nationale de la prière pour les peuples autochtones

lundi le 08 décembre 2008

Fête de Notre-Dame de Guadalupe

Le 12 décembre 2008

Depuis six ans, en la fête de Notre-Dame de Guadalupe, patronne des Amériques, la Journée nationale de la prière pour les peuples autochtones exprime concrètement par la prière l’union dans la foi en Jésus-Christ entre les catholiques autochtones et non autochtones. Aujourd’hui, cet événement revêt un cachet particulier, car il a lieu durant l’année du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec. L’établissement de cette colonie inaugura un mouvement d’évangélisation dynamique marqué par la rencontre de peuples autochtones et de missionnaires catholiques français.

Un des plus beaux témoignages de ces relations est celui de Kateri Tekakwitha, surnommée « Le lys des Agniers ».  Kateri naît en 1656 d’une Algonquine devenue chrétienne, et d’un chef Iroquois, dans le village agnier d’Ossernenon, aujourd’hui Auriesville, dans l’État de New York. À l’âge de quatre ans, au cours d’une épidémie de vérole, ses parents et son jeune frère meurent. Orpheline, elle sera accueillie par un de ses oncles et éduquée par ses tantes. Elle portera les séquelles de cette maladie durant toute sa courte vie.

En 1666, alors qu’un conflit avec une expédition française force sa tribu à s’établir  sur la rive nord de la rivière des Hollandais (Mohawk), dans l’État de New York, Kateri entre pour la première fois en contact avec les missionnaires jésuites. Frappée par leur hospitalité, elle demeure avec eux et les aide dans de multiples travaux. Après quelques années, elle sera baptisée le jour de Pâques 1676. Malgré les persécutions qu’elle subit de la part de membres de sa communauté, elle mène une intense vie spirituelle et suite aux conseils du Père Lamberville, elle part vivre au Sault Saint-Louis (aujourd’hui Kahnawake) à la mission Saint-François-Xavier. Elle fait  le vœu de chasteté le 25 mars 1679, et meurt  le 17 avril 1680, à l’âge de 24 ans. Elle fut béatifiée par le pape Jean-Paul II le 22 juin 1980.

En cette Journée nationale de la prière, quel message la bienheureuse Kateri  Tekakwitha veut-elle nous laisser? Nous remarquons son ouverture envers autrui, l’étranger qu’elle ne connaissait pas; mais en même temps, ces missionnaires d’une autre culture ont pu, grâce à leur sens de l’accueil, susciter dans le cœur de la bienheureuse Kateri un appel à aller plus loin dans la rencontre avec l’autre.  Des témoins de l’Évangile furent en présence d’une personne qui devait, à son tour, devenir témoin du même Évangile.

Dans un message pastoral adressé aux autochtones, il leur est dit que

forts de l’influence profonde exercée par les sept charismes exprimés par le Cercle d’influences spirituelles, à savoir le respect, la sagesse, le courage, l’amour, l’humilité, l’honnêteté et la vérité, vous êtes parvenus à réfléchir plus clairement sur votre dignité d’enfants de Dieu[1].

La bienheureuse Kateri n’a-t-elle pas démontré que ces charismes, qu’elle a pleinement assumés, trouvent, à plusieurs égards, leur résonance dans les fruits de l’Esprit (Ga 5,22-23) que Dieu le Père nous a envoyé au nom de son Fils (Jn 14,26) ?  D’ailleurs, le pape Jean-Paul II le reconnaît lorsqu’il affirme :

Votre rencontre de l’Evangile non seulement vous a enrichis, mais elle a enrichi l’Eglise. Nous savons bien que cela ne s’est pas fait sans dif-ficulté, et parfois même sans maladresse. Cependant, vous en faites l’expérience aujourd’hui, l’Evangile ne détruit pas ce qu’il y a de meilleur en vous. Au contraire, il féconde comme de l’intérieur les qualités spi-rituelles et les dons qui sont propres à vos cultures (cf. Gaudium et Spes, 58). D’autre part, vos traditions amérindiennes et inuit permettent de nouvelles expressions du message du Salut et nous aident à mieux comprendre à quel point Jésus est Sauveur et son salut catholique, c’est-à-dire universel[2].

Dans le contexte du mouvement de réconciliation et de guérison spirituelle avec les autochtones qui ont vécu des expériences douloureuses dans les pensionnats ouverts par le gouvernement fédéral et diverses Églises, la bienheureuse Kateri nous enseigne que la patience, le respect et l’amour du prochain se situent au cœur du pardon. Si le passé nous a marqués par des épreuves, l’avenir nous interpelle à éveiller la résilience de nos communautés pour faire resurgir leurs propres richesses. Tout agir sérieux et droit de l’homme est espérance en acte, a dit Benoît XVI, et n’est-ce pas une invitation pour que le monde devienne un peu plus lumineux et un peu plus humain, et qu’ainsi les portes s’ouvrent sur l’avenir[3]?

Que le Dieu créateur et sauveur amène toutes nos communautés, par l’intercession de la  bienheureuse Kateri Tekakwitha, à vivre unies en Église dans la paix de Jésus-Christ, notre espérance (1Tm 1,1).

Prière pour la canonisation de la bienheureuse Kateri Tekakwitha

O Dieu, qui, parmi les multiples merveilles de ta grâce dans le Nouveau Monde, as fait fleurir sur les rives de la Mohawk et du Saint-Laurent, le pur et tendre lys, Kateri Tekakwitha, daigne nous accorder la grâce que nous te demandons par son intercession, afin que cette jeune amante de Jésus et de sa croix soit élevée au rang des saints par notre Mère la Sainte Église et nous attire plus vivement à l’imitation de son innocence et de sa foi. Par le même Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Amen.


[1] Commission épiscopale pour l’évangélisation des peuples, CECC, Message pastoral sur la spiritualité autochtone, mai 1999.

[2] Pape Jean-Paul II, Homélie prononcée à Sainte-Anne de Beaupré, le 10 septembre 1984.

[3] Benoît XVI, Spe Salvi, n.35, 2007.