Message pastoral sur l’élimination de la pauvreté

jeudi le 17 octobre 1996

Ottawa (CECC) — Dans le cadre de la Journée spéciale de l'Année internationale dédiée à l'élimination de la pauvreté, la Commission épiscopale des affaires sociales de la Conférence des évêques catholiques du Canada a rendu publique aujourd'hui une lettre pastorale sur le thème de la pauvreté.

Le contenu de cette lettre d'une dizaine de pages a été divulgué au cours d'uneconférence de presse tenue à Halifax par deux des six membres de cette Commission, Mgr François Thibodeau, évêque d'Edmundston et président de la Commission, et Mgr Marcel Gervais, archevêque d'Ottawa. La lettre porte en outre la signature des quatre autres membres de la Commission: Mgr Bertrand Blanchet, archevêque de Rimouski, Mgr Nicola De Angelis, évêque auxiliaire de Toronto, Mgr Pierre Morissette, évêque de Baie-Comeau, et Mgr Peter Sutton, archevêque de Keewatin-Le Pas.

S'adressant plus particulièrement aux communautés chrétiennes du Canada, les six évêques signataires en appellent aussi à toutes les personnes de bonne volonté à réfléchir sérieusement sur les causes et conséquences de la pauvreté. "La lutte pour l'élimination de la pauvreté constitue, à nos yeux, un signe des temps par lequel Dieu nous parle et nous propose un motif d'espérance pour notre monde", peut-on lire dans le tout premier paragraphe de la lettre.

Tout en rappelant qu'environ 12,5 millions d'enfants meurent chaque année, dans les pays du Sud, de maladies pourtant faciles à prévenir, et que plus de 4,8 millions de personnes vivent dans la pauvreté au Canada, les évêques insistent pour que la lutte à la pauvreté soit en tête de liste des priorités sociales.

"En 1994, le nombre d'enfants pauvres (au Canada) dépassait 1,3 million, soit un taux de pauvreté de 19,1%", de souligner les membres de la Commission des affaires sociales. "Le fait que près d'un enfant sur cinq vive dans la pauvreté dans l'un des pays les plus riches du monde n'est rien de moins qu'un acte d'accusation porté contre
l'ordre socio-économique actuel."

S'inspirant de la place privilégiée des pauvres dans la pensée biblique, tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, les évêques souhaitent que les êtres humains puissent un jour être libérés de tout ce qui les opprime et les blesse dans leur dignité humaine. Pour qu'un tel idéal devienne réalité, non seulement les six évêques font-ils appel à l'esprit de solidarité de toutes les personnes et de tous les groupes concernés, mais aussi à la collaboration des législateurs.

"L'enjeu principal des prochaines années sera la distribution équitable de l'ensemble des biens du monde que nous aurons sauvegardés et que nous léguerons aux générations à venir. Pour relever ce défi apparemment colossal, il nous faut à tout prix une éthique globale pour cette ère de la mondialisation. On ne peut plus présenter le néo-libéralisme économique comme un synonyme de progrès social. La réalité actuelle, absolument catastrophique, nous dit jusqu'où ce système nous a conduits en appauvrissant l'ensemble de nos frères et soeurs."

Pour atténuer les difficultés sociales et économiques actuelles, les évêques proposent
quelques initiatives, dont l'élimination de la dette des pays pauvres, des pratiques commerciales plus équitables pour les pays du Sud, une réduction des dépenses militaires, une réforme courageuse de la fiscalité, l'élimination de certains abris fiscaux pour les sociétés, la création d'emplois et la promotion des programmes sociaux.

"C'est l'accueil préférentiel des personnes les plus appauvries qui nous a poussés à vous adresser cette lettre", de préciser les porte-parole de l'épiscopat catholique au Canada. "Pour que nous puissions être véritablement une Église servante des pauvres, il nous importe de savoir les reconnaître, poursuivre l'oeuvre libératrice de Dieu,marcher dans la justice et emprunter des chemins de solidarité."