Une lettre à M. David Anderson, Ministre de l’environnement, au sujet des problèmes créés par les changements climatiques

mardi le 25 juin 2002

Monsieur David Anderson
Ministre de l’environnement
Ottawa (ON)
K1A 0H3

Monsieur le Ministre,

Nous désirons vous exprimer notre gratitude pour votre leadership, exercé depuis plusieurs années, à l’égard des 168 pays qui s’entendent pour adopter le Protocole de Kyoto. Nous joignons notre voix à celle des leaders religieux du monde qui pressent leurs gouvernements de ratifier ce protocole et de commencer ainsi à s’attaquer aux problèmes des changements climatiques qui affectent déjà la terre entière.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que la Conférence des évêques catholiques du Canada s’implique dans l’enjeu des changements climatiques. Nous avons participé à la pétition, organisée en 1997 par le Conseil canadien des Églises, qui a remis 50 000 signatures à votre gouvernement lui demandant d’intervenir activement sur les questions du changement climatique. En février 2001, la Commission épiscopale des affaires sociales a écrit une lettre ouverte à tous les membres du Parlement sur Le bien commun ou l’exclusion: un choix pour les Canadiens dans laquelle elle leur recommandait de ratifier le Protocole de Kyoto.

Nous voulons aujourd’hui renouveler notre appel pour que le Canada ratifie le Protocole de Kyoto et entreprenne un programme sérieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette initiative servira de catalyseur pour l’adoption de politiques portant spécifiquement sur l’efficience énergétique et sur la production d’énergie renouvelable, deux conditions nécessaires pour atteindre les buts fixés par le protocole. Plus nous attendrons et plus il deviendra difficile de réaliser les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les dommages ne pourront que croître avec le temps si on n’intervient pas ou si on pose des gestes insuffisants. Ces conséquences dommageables affecteront gravement les populations les plus vulnérables vivant dans les contrées nordiques du Canada, dans les régions côtières, dans les pays pauvres du Sud ou d’ailleurs. Les coûts économiques de l’inaction face aux changements climatiques surpasseront de beaucoup ceux engendrés par la réduction des gaz à effet de serre, par l’adoption de politiques énergétiques alternatives et par l’introduction de modes de vie écologiquement sains.

Nous savons que votre gouvernement a présenté le Document de discussion sur la contribution du Canada à la lutte contre les changements climatiques et qu’il a engagé une démarche de consultation à son sujet. Nous savons aussi que des groupes puissants, opposés au changement, se mobilisent pour neutraliser toute action sur les changements climatiques, même si des sondages récents ont confirmé que le public appuie massivement le Protocole de Kyoto. Les évêques encouragent votre gouvernement à poursuivre ses efforts en faveur de la ratification de l’accord de Kyoto. Une action concertée lors du prochain Sommet du G-8 à Kananaskis serait particulièrement opportune, traçant ainsi la voie à une déclaration du Sommet des Nations unies sur le développement durable à Johannesburg, en Afrique du Sud, en septembre 2002.

Les problèmes créés par les changements climatiques et le réchauffement de la planète touchent toute l’humanité, de même que l’écosystème tout entier. Il n’y a pas là uniquement des enjeux économiques. Les thèmes portant sur le caractère spirituel ou sacré de la Terre se retrouvent dans toutes les religions. Lorsqu’on prend le temps de jeter un regard contemplatif sur la Terre, on est aussitôt envahi par un fort sentiment d’émerveillement. À notre époque, peut-être plus qu’à toute autre, s’impose la nécessité de réveiller ce sens de l’émerveillement et de la vénération pour la Terre; il nourrira la volonté de prendre soin de la création en solidarité avec les autres.

Le défi posé par les changements climatiques est tout autant éthique que spirituel. Nous ajoutons notre voix à celles qui réclament de vivre sur une planète en santé, et qui en appellent à la volonté politique de s’assurer qu’elle le demeure. Signer le Protocole de Kyoto manifestera l’incontournable responsabilité du Canada et sera un symbole de son engagement pour la santé de notre monde. Nous vous demandons respectueusement de prendre nos avis en considération dans vos délibérations.

Sincèrement vôtre.

+ Jean Gagnon
Évêque auxiliaire du diocèse de Québec
Administrateur apostolique du diocèse de Gaspé
Président de la Commission épiscopale des affaires sociales

cc. M. Jean Chrétien, Premier ministre du Canada


Source : Sylvain Salvas
Directeur du Service des communications
Conférence des évêques catholiques du Canada
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