Les bienheureux et les bienheureuses du Canada

Bienheureuse Catherine de Saint-Augustin (1632-1668)

Fête liturgique : 8 mai

 

 

 

 


Vie

Née le 3 mai 1632 à Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie (France), Catherine de Longpré a été élevée par ses grands-parents maternels qui recueillent chez eux les pauvres, leur donnent à manger et les soignent. Dès l’âge de trois ans, elle manifeste un désir très grand de faire la volonté de Dieu et retient la leçon d’un jésuite qui lui dit qu’ « on fait plus assurément la volonté de Dieu dans les afflictions, les humiliations et les souffrances que lorsqu’on a tout à souhait. »

À cinq ans, elle est l’objet de manifestations mystiques; à huit ans, elle comprend que l’Esprit Saint veut qu’elle soit une sainte et à dix ans, elle signe une donation d’elle-même à « Madame Marie ». Jolie, spirituelle, douée d’un caractère gai et d’une belle voix, elle fait preuve de détermination et aime à se mettre en valeur et à se faire remarquer. Elle est attirée par les plaisirs sensuels. Mais malgré son attrait pour la vie dans le monde, elle décide à douze ans d’entrer à l’Hôtel-Dieu de Bayeux, dirigé par les Hospitalières de la Miséricorde de Jésus.

Deux ans plus tard, le 24 octobre 1646, Catherine commence son noviciat sous le nom de Catherine de Saint-Augustin. À quinze ans, elle s’offre pour la mission du Canada et fait voeu « de vivre et de mourir en Canada si Dieu lui en ouvre la porte.  » Le 4 mai 1648, à 16 ans, elle fait profession solennelle à Nantes et s’embarque pour le Canada le 27 mai suivant. Arrivée à Québec le 19 août, elle apprend les langues indiennes, soigne et encourage les malades. Au printemps 1649, elle prend comme modèle le jésuite Jean de Brébeuf qui vient d’être martyrisé par les Iroquois. De 1654 à 1668, elle occupe successivement les fonctions d’économe, de directrice générale à l’hôpital, de maîtresse des novices.

Obsédée par des tentations intérieures et favorisée de grâces mystiques exceptionnelles, Catherine est souvent frappée par la maladie. En 1654, elle fait voeu de toujours rester au Canada et en 1658, elle s’offre elle-même en esprit de réparation pour le salut de la Nouvelle-France. À cause de cela, on la considère comme cofondatrice de l’Église du Canada.

En 1665, Catherine fait voeu d’accomplir « tout ce que je connaîtrai être de plus parfait et à la plus grande gloire de Dieu.  » Elle tombe malade et meurt paisiblement, le 8 mai 1668, à l’âge de 36 ans. Au moment de sa mort, elle jouit déjà d’une réputation de sainteté au Canada et en France. Trois ans plus tard, le jésuite Paul Ragueneau, publie une relation de sa vie et de ses combats spirituels à partir de sa correspondance et du Journal qu’elle a écrit sur l’ordre de ses directeurs spirituels. Elle a été béatifiée le 23 avril 1989 par le pape Jean-Paul II.

Spiritualité

Dès l’âge de trois ans, Catherine de Longpré manifeste de façon précoce une profonde inclination à accomplir de façon absolue la volonté de Dieu. Ce trait marquera tout son itinéraire spirituel. C’est sous la figure d’un pauvre qu’un jésuite lui fait comprendre que la souffrance acceptée pour accomplir la volonté divine a une valeur rédemptrice pour l’Église. La spiritualité de Catherine porte la marque de son temps. Elle est influencée par le rigorisme des Jésuites et saint Jean Eudes qui mettent l’accent sur les exigences de la justice divine. Dans cet esprit, elle se constitue otage volontaire de la justice divine pour obtenir le salut de la Nouvelle-France: « Je me suis offerte à la divine Majesté pour lui servir de victime toutes les fois qu’il lui plaira: je n’envisage ni na vie, ni mes intérêts, je veux que Dieu en dispose selon sa très sainte volonté. »

Catherine expérimente avec force le mal du péché et se solidarise avec les pécheurs: « Je me trouvais toute accablée sous la pesanteur intolérable de tant de crimes que je voyais [ … ] J’ai tiré de là l’impétueux élan d’être utile aux âmes.  » À Québec, elle prie pour que prenne fin le trafic de l’alcool et les abus qu’il entraine. Elle supporte peines et souffrances en union avec Jésus pour attirer la miséricorde de Dieu sur la colonie.
Catherine vit ses expériences mystiques au rythme des grandes fêtes de la liturgie: Pâques, l’Ascension, l’Invention de la Sainte Croix, Toussaint, Noël. « Le 12 juin 1664, veille de la Pentecôte, je vis le Saint-Esprit sous la forme d’une grosse nuée qui ne demandait qu’à se décharger de toutes parts …  » Elle a une dévotion toute particulière à l’eucharistie qui est la source principale de sa force contre les tentations, à la Vierge Marie, à saint Joseph et à son protecteur Jean de Brébeuf.

Les souffrances et les phénomènes exceptionnels de la vie de Catherine ont été vécus dans la plus grande discrétion. Femme de décision et d’action, elle semait la joie et la consolation chez les personnes qu’elle soignait et leur prodiguait sa tendresse. Ses écrits révèlent un solide bon sens, un jugement vigoureux et lucide, de l’ouverture et de la franchise, de la générosité et du désintéressement. Elle est capable de fermeté et de sens critique. Son attachement à son pays d’adoption est tel qu’elle fait voeu de mourir en terre canadienne si telle est la volonté de Dieu et d’y rester pour servir les pauvres et les malades, même si toutes les religieuses retournaient en France.

L’évêque de Québec, Mgr François de Laval, a connu la vie intérieure de Catherine, ses épreuves et ses dons exceptionnels. II rendra ce témoignage après sa mort: « Je n’ai pas besoin des choses extraordinaires qui se sont passées en elle pour être convaincu de sa sainteté; ses véritables vertus me la font parfaitement connaître. »