Rencontre avec des laïcs
RENCONTRE AVEC LES LAÏCS
TORONTO
LE 15 SEPTEMBRE
Chers frères et sœurs en Jésus Christ,
C’est une joie pour moi de me trouver au sein d’une assemblée aussi vaste et aussi enthousiaste de laïcs appartenant à l’Église. Réunis ce soir à Toronto, nous savons que Jésus Christ est présent parmi nous, car il a dit à ses disciples: « Que deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Je vous embrasse tous dans la charité du Christ et souhaite à travers vous, une fois de plus, saluer dans la prière tous les laïcs du Canada: les jeunes et les vieux, les malades et les bien portants, les handicapés, les pauvres et ceux qui le sont moins, tous ceux et celles qui, par leur baptême, sont mes frères et sœurs en Jésus Christ.
Je veux vous entretenir ce soir de la dignité de votre état de laïcs, et vous rappeler combien vous jouez un rôle important dans la vie et la mission de l’Église. Vous contribuez aussi bien à la sainteté de l’Église qu’à sa mission de salut dans le monde.
Votre dignité: – et la dignité de tous les fidèles – est enracinée dans le sacrement du baptême. Vous êtes incorporés par le baptême à Jésus Christ et à son Corps, l’Église. Ce grand sacrement qui purifie du péché originel fait de vous les fils et les filles de notre Père des Cieux et fait régner dans vos cœurs l’Esprit de vérité et d’amour. Par cet acte d’amour de Dieu, vous êtes devenus frères et sœurs en Jésus Christ, participant à son rôle sacerdotal, prophétique et royal. Ce même sacrement, qui a accompli tout cela en vous, vous fait participer à la Rédemption et au Mystère Pascal de notre Seigneur Jésus Christ.
Saint Paul, dans l’Épître aux Romains, explique avec clairvoyance cet aspect du baptême: « Baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés; nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle » (Rm 6, 3-4). Le baptême nous met en contact avec la mort et la résurrection du Christ. Il nous ouvre la vie que le Christ nous a conquise par son Mystère Pascal.
Par le baptême nous commençons à vivre dans le Christ, et Il vit en nous. Pour expliquer cette union si profonde, si étroite et si vitale, saint Paul affirme simplement: « Pour moi, certes, la vie c’est le Christ » (Ph 1, 20). Telle est la signification et la réalité de notre baptême: la vie en Jésus Christ – une vie qui nous est donnée parce que le Christ est mort et ressuscité, et parce que nous avons pu participer à cette mort et à cette Résurrection du Seigneur. Mais parce que le Christ est mort, parce que c’est ainsi qu’il est entré dans sa vie de gloire, nous aussi devons partager sa mort pour vivre la plénitude de sa vie.
Chers frères et sœurs, cette vie en Jésus Christ nous emmène sur le chemin de la foi – à travers les épreuves et les souffrances – jusqu’à la gloire de la résurrection et de la vie éternelle. C’est notre baptême qui nous introduit à la croix et à la plénitude de la vie dans le Christ. C’est le Christ lui-même qui nous dit: « Qui ne prend pas sa croix et ne vient pas à ma suite n’est pas digne de moi » (Mt 10, 38). Cette dimension également fait partie du baptême: avoir part à la mort et à la résurrection du Christ.
Le travail que le Saint Esprit inaugure en vous par le baptême, Il le perfectionne par la confirmation, vous appelant à partager toujours plus la Sainteté de Dieu. Ainsi que l’écrit saint Paul: « Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous tenez de Dieu? » (1 Co 6, 19). Étant le temple de Dieu, vous recevez les dons particuliers du Saint Esprit: « Charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22). Vous ne devez plus être l’esclave des passions terrestres.
L’égoïsme et le péché ne doivent pas diriger votre vie, car la victoire que le Christ a remportée sur le péché et sur la mort s’étend maintenant sur vous. Vous avez la joie et la liberté d’être des enfants de Dieu, conduits par le Saint Esprit qui habite en vous.
Vous n’êtes pas exemptés pour autant de luttes contre le mal, mais vous avez reçu la promesse que la grâce de Dieu vous aidera à surmonter la tentation et le péché. Vous trouvez la force nécessaire à cette lutte dans le sacrement de la pénitence. C’est dans ce sacrement que votre cœur se purifie par le contact personnel avec le Dieu de sainteté; c’est par le pouvoir de ce sacrement que la sainteté se répand à travers tout le corps de l’Église.
Un temple est un lieu où l’on célèbre la louange à Dieu. En tant que temples de l’Esprit Saint, vous les laïcs au sein de l’Église, êtes appelés à rendre un culte à Dieu. Vous êtes consacrés pour rendre gloire et louange à Dieu. Cette responsabilité, vous vous en acquittez principalement par votre participation active à la célébration de l’Eucharistie. Le deuxième Concile du Vatican nous dit: « La liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Église, et elle est en même temps la source d’où découle tout sa vertu. Car les labeurs apostoliques visent à ce que tous, devenuenfants de Dieu par la foi et le baptême, se rassemblent, louent Dieu au milieu de l’Église, participent au sacrifice, et mangent la Cène du Seigneur (Sacrosanctum Concilium, 10).
Il est important de se rappeler que la vie liturgique de l’Église appartient à tous les fidèles. Vous, les laïcs, constituez une importante portion du peuple de Dieu. Il existe, bien sûr, des rôles différents, des mystères différents, mais chaucn [sic] est appelé à participer activement à la célébration communautaire de la Majesté de Dieu. L’un des principaux bienfaits du Concile – inspirés par le besoin d’un renouveau liturgique – n’est pas seulement d’encourager les laïcs à assumer des rôles liturgiques importants, mais également de les encourager à une participation communautaire. L’Église se réjouit de cette évolution qui a enrichi sa vie et donné davantage conscience aux laïcs de leur dignité chrétienne et de leur vocation à rendre hommage à Dieu, en union avec le Christ, par la sainteté de leur vie.
Dans le contexte de la sainte liturgie, je tiens à dire un mot sur la place particulière qu’occupé le dimanche dans le rythme hebdomadaire de la vie. Le dimanche est le jour du Seigneur, de façon très réelle, le jour où l’Église à travers le monde entier commémore la mort et la résurrection du Christ. L’Église, dès le début, a voulu sanctifier le jour du Seigneur en appelant tous les fidèles à se rassembler pour la célébration de l’Eucharistie. Nous avons tous besoin d’entendre régulièrement la Parole de Dieu et de recevoir l’enseignement de l’Église, de louer et de remercier Dieu, et d’être nourris du pain de la vie. Afin de nous imprégnez plus facilement et plus complètement de l’esprit de fête qui préside au jour du Seigneur, nous devons l’observer, au meilleur de nos possibilités, comme jour de repos spécial.
La société dans son ensemble doit retrouver, redécouvrir, le caractère sacré du dimanche. Nous avons besoin d’un jour réservé, d’un jour consacré à nous réjouir de la bonté de Dieu, à adorer le Seigneur ensemble, un jour qui marque une pause dans le rythme effréné de la vie moderne. Oui, ce culte est une obligation pour le peuple de Dieu, mais il est par-dessus tout un privilège immense: pouvoir louer et remercier Dieu, en union avec Jésus Christ, son Fils, notre Seigneur.
Il y a beaucoup de choses que vous êtes appelés à faire en tant que chrétiens. A Halifax, j’ai parlé longuement des divers modes de participation, propres aux laïcs, à la mission de l’Église, j’ai évoqué votre rôle dans la construction du Corps du Christ par la justice et la sainteté de votre vie. Ici, ce soir, je voudrais aussi proposer ces observations à votre réflexion et à votre prière. Mais, avant tout, je désire attirer votre attention sur cette grande vérité que tout ce que vous faites trouve son sens dans ce que vous êtes. Et c’est pourquoi je voudrais proclamer la dignité qui est la vôtre grâce au baptême et à la confirmation, la dignité qui est la vôtre parce que vous êtes enfants de Dieu, frères et sœurs du Christ, parce que la vie vous est donnée par la puissance de sa mort et de sa résurrection. Le Seigneur Jésus vit en vous, qui êtes laïcat catholique. Il prie en vous, agit par vous et vous fait partager la sainteté de Dieu. C’est là ce que voulait dire, il y a quinze siècles, mon prédécesseur Léon le Grand quand il s’écriait: « Reconnais, ô chrétien, ta dignité! »
Ce don, il vous appartient de le protéger et de la sauvegarder en vous-même et de l’honorer dans les autres. Cette conscience de votre identité chrétienne – et donc de votre mission chrétienne – vous devez la transmettre fièrement à vos enfants. Votre dignité chrétienne doit vous être dite et redite par la catéchèse, car elle est l’histoire de l’amour de Dieu révélé en Jésus Christ et perpétué en son Église – perpétué en vous, qui êtes le peuple saint de Dieu.
Chers frères et sœurs, « La grâce du Seigneur Jésus soit avec vous. Mon amour est à vous tous, en Jésus-Christ ».