Commission épiscopale des affaires sociales : Lettre ouverte concernant le système de santé canadien

mercredi le 27 février 2002


En février 2002, la Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada, présidée par Monsieur Roy J. Romanow, Q.C., a publié son rapport intérimaire intitulé « Préparer l’avenir des soins de santé au Canada ». Alors que la première phase du travail de la Commission avait trait à « l’enquête factuelle », la phase suivante introduite par la publication du rapport se concentre sur la volonté « d’engager les Canadiens dans un dialogue national sur l’avenir de leur système de santé »1.

La Commission des affaires sociales de la Conférence des évêques catholiques du Canada encourage vivement toute personne sensible à l’aspect collectif de notre existence à répondre consciencieusement à cette invitation qui vise à définir l’avenir des soins de santé chez nous.

Depuis l’arrivée des premiers chrétiens au Canada, l’Église s’est activement employée à exercer le ministère de guérison en établissant des hôpitaux, des résidences pour les malades chroniques, les aînés et les autres membres vulnérables de la société. Une préoccupation constante à l’égard des personnes dans le besoin a toujours été un trait essentiel de son ministère. La Conférence des évêques catholiques du Canada s’est investie dans la question des soins de santé du peuple canadien avant même la rédaction de rapports et la tenue de conférences sur la question de l’assurance-santé dans les années ’60. La Commission des affaires sociales a été membre fondateur de la Coalition canadienne de la santé (http://www.healthcoalition.ca/), et elle entretient des liens assidus avec l’Association catholique canadienne de la santé (http://www.chac.ca/), y déléguant toujours un évêque au conseil d’administration.

En outre, la Commission des affaires sociales écrivait aux parlementaires l’année dernière pour leur demander de réfléchir aux besoins urgents requérant des programmes de soins à domicile et d’assurance-médicaments au Canada. Ce souci constant s’exprime aussi de manière œcuménique par l’organisation d’une Table ronde sur l’avenir des soins de santé au Canada qui se tiendra sur la Colline parlementaire, le 28 février 2002, et à laquelle un évêque de chaque région du pays a été invité. De plus, nous participons à la préparation et à la présentation d’un mémoire qui sera présenté à la Commission Romanow.

Rechercher le type de système qui répondrait le mieux aux besoins du peuple canadien en matière de soins de santé demande non seulement de faire appel à nos valeurs les plus chères, mais cela nous pose également le défi de reprendre contact avec nos aspirations les plus profondes afin de bâtir des communautés où les gens s’occupent les uns des autres en partageant « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes et des femmes de ce temps ». (Vatican II, « L’Église dans le monde de ce temps », n°1). Dans son évangile, saint Jean présente Jésus comme celui qui est venu « afin que nous ayons la vie en abondance ». L’appel d’aujourd’hui à nous engager dans une redéfinition des soins de santé fait donc écho à l’appel constant de Jésus à ses disciples que nous apportions notre contribution pour assurer une qualité de vie au sein de nos communautés.

La communauté chrétienne a beaucoup à offrir à cet égard. Comme l’a si bien exprimé Jean-Paul II dans son récent message pour la Journée mondiale des malades, notre foi peut nous aider à donner du sens à l’engagement de ceux et celles qui, de plusieurs façons, s’occupent avec sollicitude des personnes malades et souffrantes : personnel médical, infirmier, technique et bénévole. Cela peut se traduire dans les paroles de réconfort et d’encouragement aux malades. Nous proposons donc que les valeurs véhiculées dans le système des soins de santé deviennent des guides utiles et prophétiques pour ceux et celles qui auront la responsabilité de prendre d’importantes décisions à ce chapitre.

Au cours des dernières années, plusieurs études ont été menées sur les soins de santé au Canada, telles le Forum national sur la santé (1997) et l’actuelle révision sénatoriale. Dans les provinces, on note également la Commission Fyke en Saskatchewan (2001), la Commission Clair au Québec (2001) et le Rapport Mazankowski en Alberta (2002). Tout en reconnaissant que les soins de santé sont de juridiction provinciale, les Canadiennes et les Canadiens attendent des solutions tangibles aux obstacles qui menacent notre système de santé au pays. En conséquence, nous encourageons tous les comités et organismes sociaux ainsi que les chrétiens préoccupés par la question à faire connaître leur point de vue à monsieur Romanow par des lettres, des courriels, des appels téléphoniques (sans frais), ou encore en assistant à l’une des 18 journées d’audiences publiques que la Commission entend tenir. En plus de ces moyens, nous encourageons fortement toute personne intéressée à partager ses réflexions avec son Ministre provincial de la santé.2

Personne ne devrait avoir l’impression que son point de vue n’est pas bienvenu. Bien qu’une étude minutieuse soit nécessaire sur cette question, le débat est trop important pour être laissé à la seule discrétion des « experts », qui qu’ils soient. Car il s’agit manifestement d’un débat qui doit prendre en compte les valeurs chrétiennes sur la vie, la dignité des personnes et leur égalité fondamentale, la participation de la communauté, la solidarité et la subsidiarité dans les prises de décision, le respect des droits des personnes travaillant dans le réseau de la santé et l’option préférentielle pour les personnes démunies et vulnérables.

Lorsque nous récitons au psaume 34, « un pauvre a crié, Yahvé écoute », nous devons comprendre que c’est souvent par nos actions que ces cris se font entendre. Pour nous, chrétiens et chrétiennes, il y va de notre droit et de notre responsabilité d’élever nos voix de manière appropriée dans des débats politiques publics d’une si haute importance.

Nous prions le « Dieu de la vie en abondance » de nous indiquer la voie tout au long de ce processus de consultation sur l’avenir des soins de santé au Canada.

Mgr Jean Gagnon
Évêque auxiliaire à Québec et administrateur apostolique de Gaspé
Président, Commission épiscopale des affaires sociales


1. Pour de plus amples informations, visitez http://www.healthcarecommission.org/ ou appelez au 1-800-793-6161
2. Pour faire connaître votre opinion à la Commission des affaires sociales, veuillez écrire à la CECC, 90, avenue Parent, Ottawa (Ontario) KIN 7B1 ou par courriel à mchabot@cccb.ca.


Source : Sylvain Salvas
Directeur du Service des communications
Conférence des évêques catholiques du Canada
salvas@cecc.ca
Tél. : (613) 241-9461
Téléc. : (613) 241-9048