Monsieur le Premier ministre,
Pour les catholiques, le mariage est une question intimement liée à la nature humaine, créée avec ses dimensions masculine et féminine. Malgré la récente décision de la Chambre des communes, l’enseignement catholique demeure cohérent et constant à l’égard du mariage: celui-ci est l’union exclusive d’un homme et d’une femme.
Immédiatement après que la Chambre des communes eut voté sur une possible réouverture du débat sur la redéfinition du mariage, les évêques catholiques du Canada ont exhorté les catholiques à la grandeur du pays à poursuivre le débat sur le mariage et à entreprendre les actions suivantes:
1. promouvoir la relation privilégiée d’un homme et d’une femme dans le mariage comme fondement stable de toute société, et qui s’avère le meilleur soutien pour les droits et les besoins des enfants ;
2. poursuivre la recherche de moyens pour soutenir et aider les couples hétérosexuels, qui, comme le mentionnait la Cour suprême du Canada en 1997 « ont la capacité unique de procréer » et qui ont la responsabilité du soin et de l’éducation de la majorité des enfants au Canada ;
3. inciter les politiciens fédéraux à entreprendre des recherches et des consultations plus approfondies sur les effets à long terme de la redéfinition du mariage civil sur la société et les générations futures ;
4. suivre l’évolution des législations provinciales et territoriales, de même que les politiques, afin de s’assurer qu’elles protègent intégralement la liberté de conscience et de religion, ainsi que la liberté d’expression, pour tous les citoyens, autant dans le domaine privé que public ;
5. collaborer avec les différents services publics d’éducation et les commissions scolaires afin de s’assurer que l’enseignement et les ressources didactiques respectent le sens traditionnel du mariage ;
6. respecter la dignité de toute personne, quelle que soit son orientation sexuelle, en évitant toute marque de discrimination injuste à l’égard des hommes et des femmes présentant des tendances homosexuelles foncières (Cf. Catéchisme de l’Église catholique, no 2358) ;
7. prévenir tout changement ultérieur dans la définition du mariage civil, y compris la polygamie.
8. insister auprès des partis politiques pour que leurs membres puissent voter librement lorsque des questions d’éthique et de morale mettent en cause notre société, particulièrement en ce qui concerne les droits fondamentaux de liberté de conscience et de religion, telle la définition du mariage ;
9. enjoindre le gouvernement fédéral à protéger les groupes religieux qui n’acceptent pas la redéfinition du mariage, contre la remise en cause de leur statut d’organisme de charité.
Je désire attirer votre attention sur les points qui touchent plus particulièrement le gouvernement du Canada, de manière directe ou indirecte : poursuivre des recherches sur les effets à long terme de la redéfinition du mariage ; maintenir une collaboration entre les divers gouvernements afin de protéger la liberté de conscience et de religion, ainsi que la liberté d’expression pour tous les citoyens, autant dans le domaine privé que public ; respecter la dignité de toute personne, quelle que soit son orientation sexuelle ; sauvegarder la définition traditionnelle du mariage ; et protéger les groupes religieux qui n’acceptent pas la redéfinition du mariage contre la remise en cause de leur statut d’organisme de charité.
Mais plus encore, les évêques catholiques du Canada, de même que l’ensemble des autres groupes confessionnels et plusieurs citoyens n’étant rattachés à aucune religion spécifique, craignent que le récent vote de la Chambre des communes contribue à une désinstitutionalisation du mariage, à la privatisation des droits de la personne, à la marginalisation de la vie de famille, et l’aliénation des structures juridiques et sociales par rapport à la nature humaine et au bien commun.
Les statistiques démontrent que les enfants dont les parents ont une relation maritale stable vivent de façon plus harmonieuse. Nous demandons au gouvernement du Canada et à tous les partis politiques de faire davantage afin de protéger les droits des enfants, de renforcer la vie de famille, et d’assurer le bien-être social et économique des couples mariés. Comme nous le mentionnions précédemment, la Cour suprême du Canada a reconnu que les couples hétérosexuels voient à la santé et à l’éducation de la grande majorité des enfants à la grandeur de notre pays Le gouvernement du Canada ne pourrait-il pas trouver le moyen de reconnaître cette réalité ?
Finalement, les évêques catholiques du Canada s’inquiètent du fait que tous les partis politiques ne reconnaissent pas les droits fondamentaux de la liberté de religion et de la liberté de conscience. C’est du moins ce qu’il est donné de constater lorsque des chefs de parti obligent leurs députés à voter selon la ligne de parti sur les questions les plus fondamentales d’éthique et de morale.
Étant donné l’importance des points soulevés ci-dessus, je saisis cette occasion pour envoyer une copie de ma lettre aux chefs de tous les partis de l’opposition.
Nous apprécierions grandement toute aide que le gouvernement du Canada et tous les partis politiques fédéraux pourraient apporter afin de résoudre ces questions.
Sincèrement,
+ André Gaumond Archevêque de Sherbrooke Président Conférence des évêques catholiques du CanadaCc. : L’honorable Stéphane Dion, chef de l’opposition officielle
L’honorable Jack Layton, chef du Nouveau parti démocratique
L’honorable Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois