Lettre au Ministre de la Santé sur la pilule du lendemain

mercredi le 26 novembre 2003


L’honorable A. Anne McLellan, C.P., députée
Ministre de la Santé
0916A édifice Brooke Claxton, 16e étage
Parc Tunney,
Ottawa, Ontario
K1A 0K9

Madame la Ministre McLellan,

Nous avons appris que Santé Canada s’apprêtait à rendre disponible sans prescription, le contraceptif d’urgence, communément appelé « pilule du lendemain ». Nous demandons que cette décision soit réévaluée pour les raisons suivantes.

La littérature de Santé Canada indique que cette pilule inhibe la fécondation en entravant l’ovulation ou inhibe l’implantation, s’il s’avérait qu’il y a eu conception. Or la grossesse commence dès la conception et non pas lors de l’implantation ou la nidation. Il est donc inexact de désigner cette pilule comme un « contraceptif d’urgence » étant donné que son effet peut être abortif.

La science de la génétique démontre clairement que la vie humaine commence dès la conception. Ce fait est reconnu et accepté de plusieurs canadiennes et canadiens. Les femmes ont le droit légitime de savoir que ce qui est décrit comme un « contraceptif d’urgence » peut provoquer, en réalité, un avortement précoce. Du reste, est-ce qu’une pharmacie, située dans une épicerie ou dans un lieu spécialisé pour l’achat de médicaments, est le meilleur endroit pour transmettre cette information cruciale? Les renseignements de Santé Canada concernant ce médicament devraient être, à tout le moins, exacts.

Une femme, et tout particulièrement une adolescente qui croit devoir utiliser un « contraceptif d’urgence », a également besoin d’être conseillée et soutenue de manière appropriée. Elle devrait également être en mesure de recevoir des renseignements sur l’action de ce médicament, ses effets secondaires sur le plan physique et psychologique, les dangers encourus par l’utilisation fréquente de celui-ci, les risques existants quant aux maladies transmises sexuellement et des conseils sur les relations inter personnelles. Est-ce que toutes ces facettes peuvent vraiment être abordées dans le contexte impersonnel d’une pharmacie, achalandée et bondée de monde? De toute évidence ces besoins ne peuvent être comblés d’aucune façon dans de telles conjonctures. En fait, ces circonstances pourraient lui porter préjudice et léser son droit d’être bien informée.

La « pilule du lendemain », une pilule à haut risque, contient une dose massive d’anovulant, et par définition, n’a pas été conçue pour être utilisée sur une base régulière. Si tel est le cas, quels sont les risques encourus pour la santé des femmes soumises à ce traitement, même une seule fois? Et qu’en est-il des femmes qui recourraient fréquemment à cette forme de « contraception d’urgence » sans supervision médicale?

Les pharmaciennes et les pharmaciens jouent un rôle très important dans le système des soins de santé. Ces derniers peuvent transmettre leurs connaissances scientifiques et dispenser des services professionnels auprès d’un nombre incalculable de patients. Cependant, dans le cas qui nous occupe, trop de questions éthiques, trop d’implications quant à la santé des femmes, des filles et des enfants à naître sont en cause pour être laissées entre les seules mains d’un pharmacien qui n’a pas le temps et la disponibilité que requiert une femme en situation de crise et en besoin de confidentialité. Est-il équitable de mettre les pharmaciens et les pharmaciennes dans une telle position?

Comme cette « pilule du lendemain » peut agir comme abortif, et en raison des nombreux risques physiques encourus par les femmes, sans compter la possibilité d’un stress émotif et psychologique, nous vous demandons de réexaminer à nouveau le projet qui permettrait que la « pilule du lendemain » soit mise en vente libre. Est-ce bien dans l’intérêt des femmes canadiennes qu’une telle pilule soit largement disponible sans les renseignements appropriés de Santé Canada et sans mesures de protection pour les femmes et leurs enfants à naître?

Je vous prie d’agréer, madame la Ministre, l’expression de mes salutations respectueuses.

Mgr Pierre Morissette
Évêque de Baie-Comeau
Président de l’OCVF


Source : Sylvain Salvas
Directeur du Service des communications
Conférence des évêques catholiques du Canada
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