Lettre de La Commission épiscopale des affaires sociales au Ministre des Finances

mercredi le 16 avril 1997


Monsieur Paul Martin
Ministre des Finances
Chambre des communes
Ottawa, On
K1A 0A6

Monsieur le ministre,

Nous désirons réitérer l’inquiétude de longue date des évêques catholiques du Canada à l’égard du dossier de l’annulation de la dette des pays les plus pauvres.

Au cours des dernières années et sous le leadership du Saint-Père, nous avons suivi de près cette question. À l’approche du Jubilé de l’An 2000, nous nourrissons l’espérance que le pays et la communauté internationale puissent célébrer cet événement en corrigeant des injustices historiques. En termes bibliques, le Jubilé entraînait remise des dettes, la libération des esclaves et le retour aux terres ancestrales pour ceux qui en avaient besoin pour nourrir leurs familles. L’arrivée de l’an 2000 devrait nous inciter à la conversion du coeur et à l’élimination des structures économiques qui engendrent la pauvreté et la souffrance. En effet, dans les pays les plus pauvres de la terre, des millions de gens sont condamnés à l’esclavage de la dette, à la pénurie, au sous-développement. Cette situation doit à tout prix être corrigée.

En ce moment, le sort de l’Ouganda a valeur de symbole dans le monde. La diligence et la sincérité avec lesquelles on traitera la dette de ce pays sera une preuve que l’initiative des  » Pays pauvres très endettés « , mise sur pied par les institutions financières internationales, s’avère une stratégie crédible et qu’elle mérite d’être largement appuyée. Nous apprécions que le Canada soit en faveur d’une décision et d’un règlement rapides du cas de l’Ouganda. Nous vous demandons de convaincre résolument vos collègues du G-7 de la justesse de cette position. Nous vous invitons aussi à vous assurer que d’onéreux calculs de la performance de l’Ouganda en matière d’exportations n’entraîneront pas la réduction de l’allégement de sa dette ou sa remise à plus tard. Car si, à force de pressions, l’on imposait à l’Ouganda de nouvelles conditions, les délais supplémentaires ainsi créés affaibliraient d’autant les engagements en faveur de l’allégement de sa dette. La question de la dette multilatérale, Monsieur le ministre, requiert une action ferme et décisive. Nous vous encourageons donc à redoubler d’effort et à vous assurer que la dette des pays tels l’Ouganda soit allégée sans
délai. On pourra ainsi rebâtir la communauté humaine et rétablir la confiance à l’égard de la détermination du Nord à résoudre vraiment le problème de la dette à titre d’un enjeu de justice. Dans le passé, le Canada a déjà fait preuve de leadership dans ce dossier. Nous vous invitons à poursuivre dans le même sens.

En vous souhaitant bon courage dans vos efforts à cet égard, recevez, Monsieur le ministre, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Mgr François Thibodeau,cjm
Évêque d’Edmunston
Président,
Commission épiscopale des affaires sociales
Conférence des évêques catholiques du Canada


Source : Sylvain Salvas
Directeur du Service des communications
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