Lettre de l'OCVF au ministre Ken Dryden : Il faut accorder une aide financière aux parents qui élèvent leurs enfants à la maison

dimanche le 06 mars 2005


L’honorable Ken Dryden, C.P., député
Ministre du Développement social
Tour B, 20e étage
Ottawa (Ontario)
K1A 0L1

Monsieur le Ministre,

L’Organisme catholique pour la vie et la famille tient à souligner le caractère positif de l’aide que vous entendez apporter aux familles canadiennes avec la mise en œuvre du Système national d’apprentissage et de garde des jeunes enfants qu’élabore votre ministère à l’heure actuelle. Il répondra aux besoins et aux attentes de nombreux parents.

 

Vu l’option préférentielle de l’Église catholique pour les pauvres, il nous semble particulièrement opportun de venir en aide aux familles les plus démunies; nous savons que les populations autochtones et agricoles, entre autres, sont très mal servies en termes de programmes d’éducation et de garde des jeunes enfants. Votre projet assurera à tous les enfants canadiens, y compris à ceux qui naissent dans des milieux défavorisés, des chances égales d’apprentissage et de réussite.

Tout en soutenant la création de ce programme innovateur, l’Organisme catholique pour la vie et la famille espère que vous verrez simultanément à assurer une réelle liberté de choix à tous les parents du Canada en termes de garde des enfants. Comme l’affirmait le Discours du Trône du 5 octobre 2004, « les parents doivent avoir des choix véritables ».

 

Dans le même discours, le Gouvernement mentionnait qu’il faut « faire davantage pour aider les familles à soutenir leurs enfants ».  L’affirmation est fort juste et correspond à notre conviction selon laquelle les parents sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants et doivent pouvoir compter sur l’appui de l’État. C’est pourquoi nous attendons du gouvernement la mise en place d’une série de mesures fiscales et sociales qui permettront aux parents qui le désirent de remplir eux-mêmes intégralement leur mission.

 

Soutenir les familles, c’est aussi pour un gouvernement accorder un soutien financier à la mère ou au père qui désire se consacrer à temps plein à son travail de parent. S’il est vrai que sept mères sur dix ayant des enfants de moins de six ans travaillent à l’extérieur, toutes ne le font pas de gaieté de cœur. Beaucoup s’y voient contraintes financièrement et choisiraient – si c’était une option viable – de se consacrer entièrement à l’éducation de leurs enfants, au moins durant leurs premières années.  Un récent sondage CROP-La Presse, mené au Québec, confirme cette évaluation de la situation : si elles en avaient les moyens financiers, 70% des mères qui travaillent à l’extérieur préféreraient rester à la maison pour élever leurs enfants. Certains couples opteraient plutôt pour une présence paternelle à plein temps.

 

Nous croyons d’autre part que le sérieux défi démographique auquel se trouve confronté le Canada exige de la part du gouvernement une action décisive en faveur du couple et de la famille. Avec un taux de fécondité de 1,5 enfants par femme en âge de procréer, notre pays sera vite confronté à des problèmes socio-économiques majeurs.

 

L’heure nous semble venue d’encourager les jeunes adultes à la maternité et à la paternité en revalorisant l’œuvre d’éducation et la profession parentale. Comme société, il nous faut reconnaître la grande valeur personnelle et sociale du travail réalisé par un parent qui choisit de rester à la maison pour éduquer ses enfants. Il nous faut aussi offrir aux femmes, qui assument généralement cette responsabilité, la possibilité de se réaliser professionnellement sans avoir à sacrifier leur rôle de mères. Une telle évolution requerra une transformation radicale de bien des attitudes sociales et corporatives, mais nous croyons qu’elle bénéficierait à la fois aux familles et à la société dans son ensemble, et qu’il vaut donc la peine de s’y atteler.

 

Bien outiller les enfants pour l’avenir, c’est certainement se consacrer à leur développement social et intellectuel – un défi majeur auquel peut contribuer votre système national d’apprentissage.  Mais c’est aussi répondre à leurs besoins affectifs – une responsabilité parentale primordiale dont on ne mesure pas suffisamment l’importance, surtout durant les trois premières années de vie, époque où se forge le lien parent-enfant.

 

L’Organisme catholique pour la vie et la famille vous encourage donc vivement à définir des politiques qui permettent aux parents d’opter pour la formule qu’ils privilégient : a) un système de garderies qui permette aux deux parents de travailler à l’extérieur, ou b) un soutien financier qui permette à l’un des parents de travailler à la maison en se consacrant aux enfants. En termes de justice sociale, nous croyons qu’un gouvernement démocratique doit respecter la liberté de choix des parents, faire confiance à leurs choix, et rendre chaque choix financièrement possible.

 

Sincèrement,

 

†Mgr Pierre Morissette
Évêque de Baie-Comeau
Président de l’Organisme catholique pour la vie et la famille

 

Source : Sylvain Salvas
Directeur du Service des communications
Conférence des évêques catholiques du Canada
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