Message de Pâques 2021

vendredi le 26 mars 2021


« Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia! »

Les liturgies pascales ont quelque chose d’unique, et c’est la réalité du mouvement – pas une simple activité, mais un mouvement joyeux de marche – l’Église en marche!

Nous le voyons certainement dans l’Évangile du jour de Pâques alors que Pierre et Jean courent au tombeau vide après que Marie-Madeleine eut couru leur dire que le Seigneur n’y était plus!Nous lisons à nouveau, dans le même Évangile, que Marie rencontre Jésus à l’extérieur du tombeau après que Pierre et Jean ont quitté les lieux, et qu’à son tour elle court annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur!  » Marie n’était pas seulement la première disciple à voir le Seigneur ressuscité, mais elle était une disciple missionnaire – une disciple en marche – elle est l’Église en marche, porteuse d’un message d’espérance et de joie!

Il y a maintenant plus d’un an que la pandémie a éclaté. Cette dernière année ne nous a guère permis de nous mettre en marche. Ce fut plutôt une année de confinement, de restrictions, d’incertitudes, d’annulations, de déceptions, de maladie et de mort. Nous avons vu nos communautés ecclésiales souffrir en silence, sans savoir quand nos églises pourraient rouvrir ni combien de temps il faudrait aux fidèles pour revenir à la paroisse. Un temps difficile non seulement pour les croyantes et les croyants, mais pour tout notre pays. Malgré tout, nos familles chrétiennes continuent d’être des endroits où la foi est vivante et même florissante.

Aujourd’hui, pendant ce temps pascal, nous continuons à éprouver des difficultés, mais on perçoit un regain d’espoir avec la campagne de vaccination en cours, la réouverture des églises dans plusieurs régions du pays et même le temps doux après la rigueur d’un long hiver.

Il n’y a probablement pas de célébration plus riche de sens et d’espérance que la messe de la veillée pascale quand le Cierge pascal fait son entrée dans l’église obscure. L’éclat de cette simple flamme qui brille dans la pénombre nous rappelle que Jésus est la lumière du monde. Un par un, les fidèles allument leurs petites bougies au Cierge pascal. L’église s’illumine, chacun tient sa petite flamme et l’espérance se répand. Le Cierge pascal traverse la nef et les mots « Lumière du Christ – Nous rendons grâce à Dieu » résonnent à travers l’église.

N’est-ce pas là un signe de ce que nous sommes appelés à faire en continuant de nous frayer un chemin à travers la pandémie? Ne sommes-nous pas appelés à être des signes d’espérance alors que nous reconstruisons nos communautés après la destruction causée par le coronavirus au cours de la dernière année? En fait, nous sommes au seuil d’une expérience unique de renouveau ecclésial. Les leçons que nous avons tirées de l’année écoulée doivent jouer un rôle dans ce renouveau, en particulier la découverte de l’importance, la beauté et la valeur de notre foi, du besoin primordial des sacrements, et de l’espérance que nous apporte la Parole de Dieu. Notre tâche ne consiste-t-elle pas à reconstruire, à renouveler, à proclamer, à sortir et à être cette lumière symbolisée à la veillée pascale? À être l’Église d’après la pandémie!

Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia!

Cette année, le pape François nous a donné saint Joseph pour être notre modèle et notre source d’inspiration. Saint Joseph est le Protecteur de l’Église universelle et notre saint patron ici, au Canada. Tournons-nous vers lui pour qu’il nous aide à relever l’immense défi de bâtir la communauté dans l’Église et dans la société. Dans sa lettre apostolique sur saint Joseph, Patris Corde, le Saint-Père nous rappelle que Joseph était un homme serviable, qui connaissait le sens du sacrifice et qui s’est mis au service du Messie pour le protéger et l’aider à grandir. « Tout comme le Seigneur l’avait fait avec Israël, écrit le pape François, il a appris à Jésus à marcher, en le tenant par la main : il était pour lui comme un père qui soulève un nourrisson tout contre sa joue, il se penchait vers lui pour lui donner à manger. » Dieu choisit de travailler avec les faibles, comme il l’a fait avec Joseph et comme il le fait avec nous, alors que nous nous plaçons au service du Messie pour aider nos communautés à se lever et à marcher de l’avant!

Dans la lecture des Actes des Apôtres pour le jour de Pâques, c’est Pierre qui prend la parole et encourage la petite Église, si faible à bien des égards, à aller de l’avant en paroles et en action pour être au service du salut : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en GaliléeJésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait… Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts… » Il nous incombe à nous aussi de sortir et de rassembler nos communautés une fois de plus pour les rebâtir. Plus encore, nous devons franchir les limites de nos paroisses et aller faire le bien dans la communauté, à l’exemple du Christ.

Récemment, le Saint-Père est allé en Irak encourager les chrétiens à revenir et à rebâtir leurs communautés – une tâche bien plus difficile que la nôtre. À Erbil, où il a célébré la messe avec 10 000 personnes, il a fait l’éloge des chrétiens en Irak qui ont tellement souffert, mais qui n’hésitent pas à mettre leur charité au service de la communauté élargie. Le Pape a dit : « Même au milieu de grandes pauvretés et difficultés, vous avez été nombreux à offrir généreusement une aide concrète et une solidarité aux pauvres et aux personnes souffrantes. C’est l’une des raisons qui m’ont poussé à venir en pèlerinage parmi vous, à vous remercier et vous confirmer dans la foi et dans le témoignage. »

Comme nos frères et sœurs irakiens, nous ne devons pas oublier l’importance de nos familles, que c’est le lieu où la foi a été vécue et nourrie pendant la dernière année. Cette Église domestique est très importante pour la grande communauté ecclésiale et pour le monde : il nous faut bâtir sur les fruits qui sont nés au cours de la pandémie.

Le Pape a d’ailleurs promulgué une « Année de la Famille, Amoris Lætitia ». Une année pour se concentrer sur « la joie de l’amour » que la famille est censée vivre en profondeur. Il nous appelle à renouveler notre engagement pastoral à mettre la famille au centre de l’Église et de la société : une source de joie, de générosité et d’amour même dans les épreuves et les difficultés.

À Pâques cette année, peut-être plus que jamais, nous avons toutes les raisons d’espérer en notre foi et d’afficher un réalisme authentiquement chrétien en reconnaissant clairement la situation actuelle avec toutes ses ombres et ses lumières. Une foi pascale signifie simplement de croire que la main de Dieu se trouve partout, dans chaque événement, si triste ou si joyeux soit-il, car, comme le dit saint Paul, pour ceux et celles qui aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien.

Saint Joseph était un homme qui avançait avec un certain courage créatif, comme nous le rappelle le Pape dans Patris Corde: « la foi que nous a enseignée le Christ est bien celle que nous voyons en saint Joseph qui ne cherche pas de raccourcis, mais qui affronte ‘les yeux ouverts’ ce qui lui arrive en assumant personnellement la responsabilité. »

Je voudrais conclure ce message pascal en reprenant les mots qu’a prononcés le pape François dans son homélie à la cathédrale Saint-Joseph de Bagdad, là même où 48 personnes ont été assassinées par des terroristes en 2010 :

Face aux épreuves, il y a toujours deux tentations : tourner le dos ou réagir avec colère. Mais ni la fuite ni l’épée n’ont résolu quoi que ce soit. Jésus, par contre, a changé l’histoire. Comment? Par la force humble de l’amour, par son témoignage patient. Nous sommes appelés à faire de même; c’est ainsi que Dieu réalise ses promesses.

 Frères et sœurs dans le Christ, levons-nous et mettons-nous en route!

Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia!

Je vous souhaite à vous et à vos proches, à vos amis, à votre famille et à votre communauté, des fêtes pascales rayonnantes de sainteté, de santé et de grâce.

Mgr Richard Gagnon
Archevêque de Winnipeg
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

Pâques 2021

Message de Paques 2021 (PDF)