Les saints et les saintes du Canada

Saint Frère André (1845-1937)

Fête liturgique : 7 janvier

 

 

 

 


Vie

Alfred Bessette est né le 9 août 1845 à Saint-Grégoire d’Iberville (Québec). Il était le huitième d’une famille de douze enfants. Son père meurt alors qu’il a neuf ans et sa mère trois ans plus tard. Orphelin à douze ans, sans argent ni instruction, petit et malingre, il travaille comme garçon de ferme chez un oncle et touche à divers métiers : apprenti cordonnier, boulanger, ferblantier, forgeron. Sa mauvaise santé l’oblige à abandonner ces métiers. Il émigre en Nouvelle-Angleterre vers l’âge de 18 ans, et trouve du travail dans les usines de textile.

Alfred revient au Canada en 1867 et trois ans plus tard, il entre dans la Congrégation de Saint- Croix, à Saint-Laurent, où il prend le nom de Frère André. Il est bilingue, mais ne sait ni lire ni écrire. On hésite à l’admettre à prononcer ses voeux en raison de son mauvais état de santé, mais on finit par céder à cause de sa profonde piété. Pendant quarante ans, il occupe le modeste emploi de portier au collège Notre Dame, à la Côte des-Neiges. On lui confie aussi la buanderie, la sacristie, les courses et le ménage.

En exerçant ces fonctions, le Frère André visite des malades, rencontre des personnes infirmes ou éprouvées et prend l’habitude de prier avec elles, par l’intercession de saint Joseph. Il a environ trente ans quand on commence à lui attribuer des faveurs extraordinaires et des guérisons. Sa réputation ne tarde pas à se répandre dans toute la ville de Montréal et des visiteurs de plus en plus nombreux amènent des malades au collège. L’opposition des parents des élèves, des supérieurs et des médecins donne lieu à une solution de compromis et le Frère André est autorisé à placer une statue de saint Joseph sur le terrain de la montagne, en face du collège.

En 1904, avec deux cents dollars, le produit des aumônes des malades et des cinq cents qu’on lui donne pour couper les cheveux des élèves du collège, le Frère André construit une chapelle en bois sur la montagne avec l’aide d’amis laïcs. Les pèlerins ne cessent d’affluer et une correspondance impressionnante l’oblige à recourir à quatre secrétaires pour y répondre. La chapelle est agrandie en 1908 et une crypte de pierre est érigée en 1917. La construction de la basilique, commencée en 1924, sera achevée en 1967. L’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal est devenu un lieu de pèlerinage célèbre. Chaque année, des centaines de milliers de personnes s’y rendent, attirées par ce haut lieu de la prière et du recueillement.

Le Frère André est mort le 6 janvier 1937, à l’âge de 91 ans. Il a été déclaré bienheureux le 23 mai 1982, par le pape Jean-Paul II. Le dimanche 17 octobre 2010, le pape Benoît XVI a procédé à sa canonisation.

Spiritualité

L’histoire d’Alfred Bessette est celle d’un homme de prière. L’abbé André Provençal, qui l’avait recommandé aux religieux de Sainte-Croix, avait été témoin, dans son église paroissiale, de la piété du jeune homme. Il avait dit à Alfred, qui hésitait à se présenter au noviciat à cause de son ignorance, qu’il n’était pas nécessaire de savoir lire ou écrire pour prier. Il avait déclaré, dans sa lettre de recommandation: « Je vous envoie un saint. » C’est l’esprit de prière d’Alfred qui finira par vaincre les réticences de ses supérieurs. Le maître des novices était convaincu que s’il devenait incapable de travailler, il saurait sûrement très bien prier et enseigner par l’exemple.

C’est la prière qui est au coeur de son activité de thaumaturge. Il prie avec les malades, les fait prier, les invite à se réconcilier avec Dieu. Il passe des parties de la nuit à prier. Il médite la passion du Christ qu’il reconnaît dans les personnes souffrantes qui se présentent à lui. Comme Moïse sur la montagne, il passe des heures à intercéder pour ceux et celles qui se confient à sa prière, au pied du crucifix et devant le Saint-Sacrement. C’est là qu’il trouve pour lui-même le courage, la patience et la sérénité pour poursuivre son oeuvre d’accueil.

Il a une dévotion toute particulière à saint Joseph, ouvrier, un homme si proche de sa propre expérience de travailleur, d’émigrant, de serviteur d’une oeuvre d’éducation. Ce modèle est aussi proche de ceux qui viennent lui confier leurs peines, leurs épreuves, leurs infirmités, leurs maladies. Car c’est un mouvement populaire qu’il a suscité, sans battage publicitaire, par la seule efficacité du bouche à oreille et la force de persuasion de ceux qui étaient témoins de son action.

C’est parce qu’on lui connaissait une amabilité, un bon jugement pratique et des aptitudes pour mettre les gens à l’aise, qu’on lui confia la fonction de portier. Il avait la mémoire des noms, aimait rire et n’était pas dépourvu d’humour. « Quand je suis entré en communauté », aimait-il à dire, « mes supérieurs m’ont mis à la porte et j’y suis resté quarante ans sans partir! » L’attention aux autres, l’empathie, la capacité de souffrir avec ceux qui souffrent caractérisent sa personnalité spirituelle. Les gens étaient attirés par ce vieil homme simple, à la fois modeste et bourru. À cause de ses qualités de coeur, le Frère André s’est mis à visiter les malades, à prier avec eux et à les confier à saint Joseph. Son désintéressement était tel qu’il protestait en pleurant contre les allégations de ceux qui lui attribuaient le pouvoir de guérir: « Ce n’est pas moi qui guéris. C’est saint Joseph! »

Son contact assidu avec la souffrance lui avait appris à discerner la qualité des êtres et sur son lit de mort, il peut chuchoter à un confrère: « Dieu est bon! Comme il est beau et puissant! Il doit être vraiment beau puisque l’âme, qui n’est qu’un reflet de sa beauté, est tellement belle! »

Pour plus de renseignements

Livres récents:

Deroy-Pineau, Françoise. Frère André. Un saint parmi nous. Quebec: EFIDES, 2010.

Deroy-Pineau, Françoise. Frère André le saint de l’Oratoire (livre pour enfants). Montreal, Quebec: Mediaspaul, 2010.

Dubuc, Jean-Guy et al. Album officiel de la canonisation de frère André. Montreal, Quebec: L’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, 2010.

Internet:

Saint Frère André à l’École: L’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal

Dictionnaire biographique du Canada: frère André

Historica Canada: Saint André

Homélie du Pape Benoît XVI, 17 Octobre 2010


Oratoire de Saint-Joseph